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Cameroonian Studies

www.cameroonianstudies.com

Les études camerounaises (Cameroonian Studies) sont un champ de recherche émergent, qui envisage le Cameroun comme une civilisation, avec ses langues, ses religions, ses systèmes d’écriture, sa littérature, son art, et son histoire. Ce domaine d’étude s’insère dans les Area studies, à l’intersection de la philosophie, la littérature, l’histoire, la sociologie, le droit et la culture. Les notions fondatrices comme contentieux historique (ou conflit mémoriel) permettent d’y éclairer sous un jour scientifique les interactions du Cameroun avec notamment la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, les États-Unis, la Suisse, Israël, la Chine, le Nigéria, et les autres nations africaines. Les sujets couverts sont par définition divers, mais aborderont souvent les questions littéraires, linguistiques (camfranglais, Kamtok…), Bakassi, Ambazonia, la micro-histoire des mentalités, la sociologie des interactions communautaires nationales (ethniques), la colonialité du franc cfa, les idéologies ou les productions culturelles. 

Appel à contribution

’’Aux origines du Cameroun’’: la Françafrique

Le contentieux historique en perspective

  1. CONTEXTE

Les 07, 08 et 09 octobre 2021, la France accueille le sommet Afrique-France, après plusieurs reports dus au Covid-19. Le format, inédit, fait la part belle à l’élite intellectuelle, aux gens de lettres et personnalités de la société civile. Au-delà de la date, le lieu (Bordeaux d’abord, haut lieu de la traite négrière, Montpellier finalement, ville plus consensuelle) aussi a changé. Le thème aussi ambitieux qu’équivoque des « fondamentaux de la relation entre la France et l’Afrique » s’est éclipsé au profit du financement des économies africaines. L’historien camerounais Achille MBEMBE s’est vu confier, par le Président français Emmanuel Macron, la coordination et l’animation de cette rencontre ; ce qui a immédiatement suscité, sur le continent comme dans ses diasporas, de vifs débats et controverses. L’opportunité de cette rencontre autant que la légitimité (la qualité ?) des intervenants a alimenté plusieurs tribunes. Par-delà les effets d’affichage, la France est-elle aussi prête qu’elle le voudrait, à affronter la complexité de ses malentendus avec l’Afrique et à vider le « contentieux » de relations nées dans le conflit, l’usage de la force, de l’exploitation et la domination coloniale ? Tel est, ramené à l’échelle du Cameroun, le sens de la question que se propose d’explorer cet ouvrage pionnier. Les notions de « contentieux historique », desquelles les thématiques décoloniales et mémorielles découlent.

  • ARGUMENTAIRE 

      C’EST QUOI LE « CONTENTIEUX HISTORIQUE » ?

Le « contentieux historique » est un concept-clé exploré et mis en discussion publique par Tom Daniel Yagnye (2004). Dans Un demi-siècle d’indépendances piégées, cas du Cameroun et la RD-Congo, il affirme : « Le contentieux avec la France coloniale et colonialiste est constitué par les actes délictueux commis par l’ex-Métropole au Cameroun, coloniale sous sa ‘tutelle’ de 1919 à 1959 ». L’auteur et mémoire vivante de l’UPC affirme ainsi que le contentieux « se rapporte ainsi à l’ensemble des litiges de nature politique, juridique et proprement historique opposant la France au Cameroun, et pouvant être tranchés en justice, ainsi qu’à l’ensemble des règles et procédures de droit particulières s’appliquant à ces litiges ». Dans le détail, l’auteur affirme qu’il s’agit de crimes divers et d’autres actes attendant à la liberté et à la dignité humaine commis par les Français, à l’encontre des populations locales.

L’objet de l’ouvrage est de réfléchir aux normes, aux pratiques, aux usages, aux coutumes, conventions et « mauvaises pratiques » qui présideront dès lors au rapport historiquement constitué entre la France et le Cameroun. Il donne à cerner les enjeux normatifs d’une politique françafricaine qui est aujourd’hui encore décriée de beaucoup, dans les conséquences funestes qu’elle finira par avoir, en longue durée, sur le destin de millions de personnes, notamment en internalisant des dispositifs massifs de violence et de prédation. Bien avant la ‘’ guerre cachée’’ (Deltombe et al., 2011) dont l’histoire couvre 1948-1971, la date du 27 août 1940 méritele détour, vaut le retour. Elle a en effet posé la France comme source unique du pouvoir et de préconisations des valeurs, alors que l’Afrique devenait récipiendaire exclusif des conséquences de violations, de viols et de violence ainsi commis. L’ouvrage permet de s’interroger sur les enjeux de fabrication de la mémoire, à l’extension des travaux de Franz Fanon et de nombreux autres historiens, sur le sujet. Il permet dès lors d’ouvrir la brèche sur les ressources que les Africains pourraient mobiliser non seulement pour solder ce passé douloureux, mais plus encore pour redéfinir une relation à eux-mêmes et à la France, qui passe par la prise en compte de cette faille.

Si la méthode historique préside à la structure de l’ouvrage, les éclairages interdisciplinaires des différents champs des sciences humaines et sociales sont encouragés. On s’appuiera sur des archives et des sources de première main, la théorie de la justice ou la théorie décoloniale. Les réparations pour les violations humanitaires et la restitution des biens pillés pendant la colonisation sont un défi majeur. Bien qu’il y ait eu des développements récents tant dans la théorie que dans la pratique des réparations à la faveur , le passif historique n’a pas toujours été résolu, pire continue de susciter des remous. 

L’ouvrage paraîtra à l’automne 2022. Cette parution sera suivie d’une série de trois événements sur le même thème, à New York (un symposium dont les détails seront donnés ultérieurement sur cameroonianstudies.com), à Douala, et Yaoundé. 

  • AXES DE L’OUVRAGE

L’ouvrage est une réappropriation de l’histoire en train de s’écrire (Africa 2020), un réinvestissement académique du procès de la colonialité de la ‘francafrique’, mais dans le même temps, une projection sur le défi de la mémoire.

Les propositions d’articles pourront porter sur l’un des 3 axes thématiques suivants.

Les avatars du contentieux historique

Organisation du tout premier scrutin de l’histoire du Cameroun.

Loi électorale ségrégationniste, Blancs # Noirs.

l’Association des Colons du Cameroun.

Le massacre du 24 septembre 1945 à Douala.

Postcolonialité et contentieux historique

politique inscrite dans la violence et la prédation

patrimonialisation et gouvernance : Le règne des « Big Men »

L’accès de la France aux ressources et au marché camerounais

Une modernité impossible ?

Sentiment antifrançais ou sentiment antifrancophone ?

Démocratie et francafrique : injonctions paradoxales de la France

Corruption et mal-gouvernance au sommet : la base est-elle innocente ?

  • Modalités de contribution

En français ou en anglais, les contributions (article de recherche, essai, documents d’archive…) sont attendues au plus tard, le 30 septembre 2021. Chaque proposition devant contenir les éléments suivants :

  • Un titre (et un sous-titre le cas échéant)
  • Un résumé (maximum de 1 500 caractères, espaces compris). Les résumés des communications sont publiés sur un site internet devant être construit pour la circonstance.
  • Une biobibliographie de l’auteur.e (et de ses co-auteur.es le cas échéant), contenant affiliations, courriel 

Les contributeurs sont invités à soumettre en priorité leurs manuscrits complets aux adresses suivantes : 

Éric Essono Tsimi | eric.tsimi@baruch.cuny.edu

Serge Alain GODONG | sagodong@hotmail.com

Un site internet (www.cameroonianstudies.com) permet de télécharger directement les propositions de contribution, rubrique contact. Vous pouvez aussi écrire à admin@cameroonianstudies.com

  • Les résumés devront être présentés en français et en anglais
  • Les auteurs seront invités invités au symposium entourant la publication. Les organisateurs dans la mesure du possible s’occuperont des démarches de financement des auteurs résidant en Afrique.
  • DATES IMPORTANTES 
30 septembre 2021Date limite d’envoi du manuscrit complet
16 octobre 2021Communication de la décision d’acceptation (sous condition) ou de refus 
16 octobre-16 novembre 2021Révisions et relecture 
30 novembre 2021Date limite de réception des manuscrits définitifs
Mai-Juin 2022Publication – A compte d’éditeur
mai 2022 (1)Juillet 2022 (2)Symposium à New York (The City University of New York)Conférences dédicaces à Yaoundé, Douala  
  • BIBLIOGRAPHIE

COMITÉ SCIENTIFIQUE 

Prof. Cheryl Toman, The University of Alabama

Prof. Sylvère Mbondobari, Université Bordeaux-Montaigne

Prof. Mathias Eric Owona Nguini, Université Yaoundé I

Dr. Thierry Ngosso, University of St.Gallen

Dr. Yann Bedzigui, ISS Africa

Dre Karine Ramondy

Dette Africaine : Le Moratoire est une Farce Technocratique


(Zemmour dit que la condition aurait du être le contrôle de notre natalité)

Ca bouge au sujet de l’Afrique, et pas dans le bon sens, ca s’agite, pour donner le sentiment que quelque chose est fait. Au lieu d’annuler purement et simplement d’annuler des dettes éternelles, iniques et incompréhensibles, on a imaginé un moratoire! Chose curieuse, personne en Afrique n’a dansé.

En Afrique aussi (en tout cas dans le principe), un Etat, n’importe lequel, peut décider de geler son service de la dette extérieure . Si au moment de l’exigibilité d’une échéance, nous au Cameroun on explique calmement aux amis créanciers que pour cause mondiale de Covid-19 nous ne sommes plus en mesure de payer, qu’est-ce que concrètement nos amis peuvent mobiliser comme représailles contre nous ? Thomas Sankara suggérait un rejet coordonné de cette dette, le cas de figure ici est celui d’une « cessation de paiement ». La principale conséquence observée dans d’autres cas c’est la sévérité des agences de notation, mais dans le cas de l’Afrique, avec tous ces investisseurs qui ont besoin de toujours nous exploiter plus, de nouveaux créanciers n’hésiteraient pas a nouveau a proposer des emprunts, pour faire vivre leur argent. C’est comme quand tu es fâché avec ton ami et que tu espères que l’autre ami que vous avez en partage s’approprie la meme colère, ca va durer un temps par solidarité pour toi, mais ensuite viendra la vie, ses propres intérêts prendront le dessus. On n’a jamais placé un pays qui refusait de payer sa dette sous embargo, tout risque de voir l’arme nucléaire se retourner contre nous est nul. Alors quoi ?undefined

Un défaut de paiement de notre dette compte tenu des circonstances actuelles s’explique par lui-même. De la meme façon qu’une crise en Europe affecte l’Afrique, une faillite totale de l’Afrique affecterait l’Europe, de mille manières ! Et o combien mortellement. Notre arme est démographique et Zemmour l’a compris. Passons! Je ne dis pas qu’il n’y aurait pas de consequences d’un moratoire que nous-meme nous appliquerions, je ne dis pas que nous serions a l’abri de drames sociaux, mais rien de vraiment nouveau sous le soleil africain. Les marchés de la dette de toute manière ne nous sont déjà pas spécialement favorables. Que nous ne puissions pas leur emprunter pendant quelques années est un non-problème. Le non-paiement nous dispenserait en partie de la nécessité d’emprunter. Le problème le plus difficile pour les pays CFA est le contrôle total de leur monnaie, qui est administré en bon père de famille par le Trésor public français. Ce qui signifie que Paris peut recourir aussi a des contraintes a la limite de la légalité, on les a vu faire pour faire tomber Laurent Gbagbo. Les dépenses publiques les plus régulières comme les salaires des fonctionnaires deviendraient irrégulieres, il faudrait imaginer des formules fiscales plus directes pour que les liquidités soient vraiment plus liquides. En sommes comme mettons le gouvernement camerounais emprunte pour combler le temps qui sépare le paiement de nos salaires et celui qui correspond a la collecte de nos recettes fiscales, il se servirait du service de la dette et une réorganisation de la perception (de crise) des recettes fiscales.

En plus examinons la question autrement: les principaux contributeurs fiscaux de notre pays sont des entreprises françaises, on est d’accord ? C’est l’ethnie la plus puissante au Cameroun. Si le Cameroun est puni de tous ses créanciers, les entreprises basées au Cameroun subiront elles aussi un contrecoup, puisqu’elles ne peuvent pas avoir pendant longtemps une cote de crédit plus élevée que celles du pays dans lequel elles se trouvent. Certaines de ces entreprises basées en Afrique et pas seulement au Cameroun sont dans le CAC 40 (Bollore, Total, Castel, etc.)

CQFD. Les coûts d’emprunt des entreprises françaises logiquement exploseraient donc en cas de représailles consécutives a un défaut de paiement du Cameroun. Dans un pays comme le Cameroun caractérisé d’abord par le système D, les prestations sociales sont si faibles que l’effet ne serait pas celui que l’on a pu voir dans un riche pays comme l’Argentine qui a plusieurs reprises a été en faillite, incapable d’honorer ses engagements.

Des prestataires privés interviendront, les fameux Fonds vautours qu’on connait deja en Afrique, pour racheter notre dette à bon marché( notons au passage que meme la dette, meme la dette non payee se vend et s’achète) : entre ce moment et celui ou ils voudront contraindre le Cameroun à rembourser tout ou partie de notre dette, il y aurait mille procedures judiciaires. Au Cameroun nous avons Joseph Owona, nous avons Maurice Kamto un juriste merveilleux, nous avons Paul Biya un homme procédurier, rien comme dans tout procès ne serait perdu d’avance. Les actifs de notre pays que l’on voudrait saisir a l’étranger sont en majorité des actifs privés qui de toute façon nous échapperaient a la mort de Biya. Entre temps la Chine qui elle-même par le passé avait deja refuse de payer ses dettes et d’autres Etats qui ne s’alignent jamais, s’aligneraient cette fois pour nous proposer de nouvelles dettes. Le moratoire est un tour de prestidigitateur, une decision qui masque l’absence de toute mesure pouvant alleger le fardeau injuste de l’Afrique. C’est dans le pays de nos créanciers que ceux qui ont détourné notre argent détiennent des biens. Le moratoire est un écran de fumée qui s’évapore sans porter a conséquence .

Une surprise d’enfer


L’Afrique n’est pas épargnée par le COVID-19. Façon, elle ne lui demande aucune grace. Seules de bonnes nouvelles nous parviennent du continent noir. Il est facile de mettre l’evolution lente de la pandémie sur le compte des seuls facteurs environnementaux (jeunesse de la population, immunisation collective par la malaria et les campagnes agressives comme celles du BCG, etc.) Il reste que la réponse des Etats ne s’est pas alignée purement et simplement, comme d’habitude, sur les réponses européennes, tardives, politisées, avec regulierment des délits d’inities qui feront les grands titres au lendemain de cet événement. La réponse africaine a pris plusieurs formes, suivant le temperament de chaque Etat. Et meme s’il est prématuré de crier victoire, et de vendre la peau du Coronavirus, meme si ce dernier fera encore des milliers de victimes en Afrique, le fiasco, la fébrilité et le « génocide » des vieux en cours en Europe et en Amérique n’aura sans doute pas lieu en Afrique. Au Cameroun, le leadership tranquille du ministre de la santé (il donne des Malachie-geri au Coronavirus), du premier ministre (transpartisan et au-dessus des pesanteurs systémiques), l’assurance de la ministre de la recherche (qui se moque des moqueries des animateurs du Web), le sérieux des leaders comme Cabral Libii, etc.: ces gens ne rassurent pas seulement les Camerounais au sujet du Coronavirus mais les réjouissent de manière générale quant a l’avenir. On croyait en un vide, en des zombies, en un enfer permanent et on voit non pas la fin de cet enfer mais son humanisation, de belles surprises, de la competence en action. Contrairement a l’ambiance qui prévaut dans d’autres contextes (en France et aux USA par exemple), avec des échéances électorales qui sont dans les esprits, il n’y a a Yaounde que la pression de bien faire et d’articuler une réponse efficace. Jamais rien vu, depuis ma naissance, jamais vu rien d’aussi positif d’un gouvernement camerounais, jamais vu, disais-je, autant de lueurs d’espoir émerger de la médiocrité et de l’enfer.

Kamto Réinvente le Cynisme


par Yann B., Docteur en science politique. Université Panthéon-Assas Paris II

On a coutume de dire que John Fru Ndi a mis dix ans à décevoir les Camerounais. Dans le cas de Maurice Kamto, il n’a pas fallu moins d’un an.
La dernière bévue du Président du MRC est la création d’une cagnotte pour soutenir les Camerounais en proie au COVID-19 et son interdiction logique par le ministère de l’administration territoriale.
Il apparaissait clair dès l’annonce de la création de cette « tontine » qu’elle serait interdite par les autorités en place quels que soient la fragilité des arguments juridiques la justifiant. Maurice Kamto qui est bien au fait de comment fonctionne Yaoundé, le savait clairement mais a quand même lancé sa cagnotte. Cela prouve une chose essentielle qui est plus que décevante : c’est une utilisation cynique du COVID-19 pour configurer le champ politique autour de son opposition personnelle à Paul Biya. 

Il y a d’abord eu son injonction à Paul Biya de s’exprimer, suite à quoi Maurice Kamto constaterait la vacance du pouvoir. Politiquement, on ne pouvait que sourire de voir un ancien ministre intimer à son ancien patron de s’exprimer en public faute de quoi il serait destitué. Quand Maurice Kamto était ministre, Paul Biya ne s’exprimait ni n’apparaissait davantage. Cela ne l’avait gêné pendant 7 ans. Par ailleurs, connaissant Paul Biya qui n’aime rien tant qu’apparaitre comme le maitre des horloges libre de toute pression, il était évident qu’il ne s’exprimerait pas.

Ensuite, d’un point de vue juridique, cela est encore plus confondant. Voilà donc un Président auto-proclamé, prétendument meilleur juriste du pays, qui s’institue juge et partie. Ainsi Maurice Kamto seul dans son bureau aura constaté et pris acte de de la vacance du pouvoir. Rappelons que dans les faits, une telle vacance est constatée par le pouvoir parlementaire, ce qui explique que le Président du Sénat assure l’intérim. On ne peut aspirer à la présidence d’un pays et exprimer un mépris aussi cynique des institutions existantes déjà considérablement fragilisées par la pratique dilettante de Paul Biya.

Ce cynisme a été à son comble à propos du lancement de cette cagnotte et montre un Président du MRC dépassé par les évènements.

Un homme d’Etat aurait pu appeler à une réconciliation nationale, appeler les Camerounais à contribuer au fonds crée par les institutions, lancer des opérations communes de sensibilisation avec les autres partis d’opposition et le RDPC. Cela aurait vraiment mis le parti-Etat dans l’embarras. 

La moindre des choses aurait été de reconnaitre la compétence au moins dans la communication du nouveau ministre de la santé et l’encourager, après les treize années atroces qu’aura connu ce ministère sous son prédécesseur, ancien collègue de Kamto au gouvernement. Bien au contraire. Il est d’ailleurs significatif que les sites de Fake News proches du MRC se sont empressés de décrire Manaouda Malachie dans ses précédentes fonctions comme un soutier des opérations minières douteuses du fils du président. 

Maurice Kamto et ses supporters se sont lancés dans une politisation de la gestion des pandémies. La meilleure preuve de cette politisation cynique a été que son document sur la COVID19 était signé « le Président élu » et évoquant un « Président de fait » agitant un chiffon rouge devant les autorités de Yaoundé. Lesquelles ont réagi comme on pouvait s’y attendre. Comment peut-on se livrer à une telle politicaillerie au regard des risques que fait peser l’expansion du COVID-19 sur la société camerounaise ? Comment peut-on diviser la société camerounaise alors que l’unité- qui n’est pas la caporalisation- est impérative dans ce contexte ?

Une fois de plus, on constate à quel point Maurice Kamto est un émule de Paul Biya et est intimement lié à ce dernier d’un point de vue politique. De fait, la candidature de Maurice Kamto n’a de plus-value que face à Paul Biya, notamment du fait de la polarisation ethnique dont ils sont les champions ( Sardinards vs Tontinards ; Ekang vs Secte Bahamique).

Cela explique la fébrilité de Kamto et de ses supporters face à l’à l’apparente compétence d’un Manaouda qui n’est pas un Bulu, ni même Foulbé. L’émergence d’un acteur politique tiers, plus jeune, relativement compétent et dont l’action a un impact direct sur la vie des camerounais n’est évidemment pas du goût du MRC et de son président ( sans doute, pas du goût de beaucoup au sein du Parti-Etat qui s’empresseront de casser cet élan le moment venu. Le MRC et le RDPC se rejoignent sur ce point).
D’où l’empressement de détourner la conversation pour la ramener à la seule chose qui compte vraiment pour Maurice Kamto : lui et ses ambitions présidentielles (perdues). Les Camerounais qui pourraient faire face à une dégradation de leurs conditions de vie n’ont qu’à attendre.

En conclusion, on peut reconnaitre au Professeur Kamto une capacité d’entrainement de certains camerounais. Toutefois, en délaissant son costume de technocrate, le président du MRC a confondu le fait de devenir un homme politique avec celui de se transformer un politicien cynique qui cultive les clivages à outrance plutôt que leur dépassement.

Cela témoigne d’une lecture erronée des aspirations des camerounais qui veulent changer de président mais aussi de système. La dernière opération politicienne et cynique du Professeur montre plus que jamais qu’il appartient à ce vieux monde qu’il faudra jeter aux orties le moment venu.

Le pire qui puisse arriver en Afrique aura deja eu lieu en Europe

La grippe espagnole de 1918 est régulièrement citée comme la pandémie de reference: certaines estimations parlent de 80 millions de morts. Il y a une difference fondamentale d’avec notre COVID-19, c’est l’age des victimes. Qui en 1918-19 se situait essentiellement dans la tranche des 15 et 45 ans. Aujourd’hui, l’âge des victimes en Asie, en Europe et aux Etats-Unis peut être utilisé pour évaluer l’évolution du nouveau coronavirus. Les spécialistes comme Fred Eboko ou Didier Raoult se sont montrés optimistes quant à l’Afrique.

Capture d’écran – Fred Eboko – Le Point du 23 mars 2020

Il faut remettre l’Afrique au travail, ne pas relâcher la vigilance, mais ne pas non plus la paniquer outre mesure. L’age median de la population africaine est de 19ans ! L’age median de la population européenne est… 43 ans ! La predilection du COVID-19 pour les personnes âgées a fait de l’Europe une cible idéale. L’age des victimes est l’une des grandes nouveautés de cette pandémie. La vieillesse de la population occidentale permet, en partie, de comprendre le comportement pandémique, en France ou l’on a sans cesse eu le sentiment de deux bilans de mortalité concurrents, dans les EPAHD et dans les hôpitaux, l’age des « victimes » apparait un critère discriminant de fatalité.

Cette lecture n’est évidemment pas celle d’un épidémiologiste ni d’un anthropologue de la santé, ce qui m’autorise justement une liberté de lecture que ne peuvent se permettre en ces temps incertains les décideurs politiques et les acteurs scientifiques impliqués au premier chef. Le pire qui puisse arriver en Afrique aura deja eu lieu en Europe, mais c’est improbable que ce pire arrive.